L’entreprise régénérative: de quoi parle-t-on?

 

Auteurs : Emmanuelle Aoustin, Roselyne Lecuyer et Florent Duchêne

 

On le sait, il est impératif d’agir maintenant pour une humanité prospère et une planète florissante. Et les entreprises ont toutes les qualités requises pour accélérer cette transition vers une économie régénérative. Dans cet article, nous partageons des éclairages sur ce concept nouveau et viral qu’est l’entreprise régénérative. Encore un nouveau modèle ou bien un véritable changement de paradigme ? De quoi parle-t-on vraiment ?

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Une entreprise classique, issue de l’essor industriel, serviciel et digital des 200 dernières années, est généralement une entreprise qui … participe à la croissance des émissions de gaz à effet de serre, à la destruction de la biodiversité et au franchissement des 9 limites planétaires ! Inconsciemment (ou pas), elle contribue à la situation alarmante dans laquelle l’humanité et la planète sont aujourd’hui. Et plus elle croît, plus elle aggrave la situation. Choquant ? Peut-être simplifié mais néanmoins correct, n’est-ce-pas ?

Et finalement, les approches de développement durable et de croissance verte n'auraient-elles pas contribué à la situation d’urgence dans laquelle on se trouve? Car oui, les scientifiques n’ont de cesse que de nous le rappeler, il y a urgence !

L’entreprise régénérative, elle, est une entreprise qui contribue proactivement à la solution. Elle est au service du bien commun, elle se ré-ancre au sein des écosystèmes dont elle dépend et avec qui elle interagit, et elle met en place les conditions indispensables à l’épanouissement du vivant, humains et non humains.

C’est un véritable changement de paradigme pour le monde économique, qui invite l’entreprise à repenser sa relation au monde, guidée par des principes essentiels comme:

  • l’approche systémique, et l’accueil de la complexité
  • la sagesse du vivant comme inspiration ( biomimétisme, permaculture, …)
  • le sens et la raison d’être, la notion de bien commun
  • la qualité des relations, des liens à soi, aux autres et à la planète, les interdépendances et la collaboration
  • le partage juste au travers des communs, l’éthique et la justice
  • le respect des singularités et de la diversité
  • le prendre soin - soin des humains, soin des relations avec les parties prenantes, et de la planète
  • le pouvoir distribué, le local, l’encouragement à la participation et à l’auto-détermination
  • la sobriété, la circularité et la recherche d’efficience dans l’utilisation des ressources et la production de déchets
  • l’adaptation, la régulation, et la créativité

 

Alors quoi? L’entreprise régénérative serait-elle juste de louables intentions, ou encore le dernier concept à la mode? Certainement pas ! L’économie régénérative amène l’entreprise à transformer complètement et très concrètement son modèle d’affaires, la relation avec ses parties prenantes, sa raison d’être, ses valeurs, sa culture d’entreprise, sa gouvernance, son organisation, et, bien entendu, son équation financière et la place du profit. Bref toute son existence économique et sociétale est à réinventer.

OK, mais concrètement, ça se traduit comment ?

Les modèles qui permettent aux entreprises de concevoir leur redirection se développent activement ces dernières années, et combinent des concepts et quelques retours d’expériences. Pour n’en citer que quelques-uns : Regenerative Development and Design de Bill Reed, Qu’est-ce qu’une entreprise régénérative? de Christophe Sempels, La PermaEntreprise de Sylvain Breuzard, Regenerative Leadership de Giles Hutchins et Laura Storms, Doughnut Economics de Kate Raworth, A Compass for Just and Regenerative Business du Forum for the Future, et d’autres encore.

En accompagnant les dirigeants sur le chemin de la redirection lors de la première Convention des Entreprises pour le Climat (2021-2022), nous avons intégré qu’il existe des étapes, des marches à franchir sur le chemin de l’impact ‘net positif’ de l’entreprise. Le parcours CEC a permis à 150 entreprises de franchir tout ou partie du chemin. Par exemple, passer d’un modèle d’affaires basé sur la vente et le volume (de produits de beauté, de palettes ou de bâtiments de construction etc..) à un modèle d’affaires basé sur l’usage, la modularité et la circularité. Le rapport final de la première CEC est riche de 30 trajectoires 2030 d’entreprises qui s’inscrivent dans cette “grande bascule” vers l’entreprise régénérative.

 

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Source : Une grande bascule vers l’entreprise régénérative, Rapport final de la première Convention des Entreprises pour le Climat

Bon, le chemin pourrait presque sembler clair et facile à énoncer, n’est-ce pas ? En fait, il est super ambitieux, complexe, vivant, et éprouvant parfois. Et il est en fait surtout profondément humain - nécessitant des convictions et des valeurs fortes, de l’audace et de la résilience, de la clairvoyance, de l’anticipation et de l’agilité, la capacité de passage à l’action et beaucoup de courage.

En somme, la grande bascule requiert une nouvelle forme de leadership, un leadership régénératif, qui dépasse le statu quo pour accélérer cette indispensable transition, et avoir un impact positif dans le monde.

Chez Seedlings, nous sommes convaincus que la transition régénérative des entreprises est avant tout une formidable et joyeuse aventure humaine.

Réconcilier ce qui doit l’être, enclencher les transitions profondes, soutenir les motivations qui mobilisent, et surtout, proposer de vrais espaces de régénération, au sein de l’entreprise et avec ses parties prenantes, qui permettent alors d’innover et de passer à l’action - ça donne envie, non ?