Auteurs : Loïc Delcros et Muriel Huet
Vous avez perçu les enjeux écologiques de notre époque et l’ampleur de la transition nécessaire à un monde viable. Vous en parlez dans votre entreprise, à vos collègues, dans vos équipes et ne comprenez pas pourquoi ces partenaires, pourtant si impliqués au quotidien, ne se mobilisent pas pour cette cause ? Nous vous invitons à comprendre certains fonctionnements du cerveau humain pour vous permettre de passer à l’action.
Le dernier rapport du GIEC atteste sans équivoque que le dérèglement climatique est attribuable aux comportements humains mettant en péril la survie même de l’espèce. Alors pourquoi est-ce si difficile de mobiliser les peuples, les politiques et nos industries pour entreprendre les changements nécessaires ?
Pourtant, pendant des millions d’années, l’homme a vécu en symbiose avec la nature. Il commence à s’en détacher il y a 10 000 ans, au néolithique, avec la domestication de la Terre. Progressivement, il se met à percevoir la nature comme une ressource externe et les deux derniers siècles ont poussé cette perte de lien à l’extrême.
Chez Seedlings, nous sommes convaincus que la clef réside dans l’humain, et que l’aider à déployer tout son potentiel avec authenticité, permettra aux entreprises de renouer ce lien avec la nature.
Avez-vous déjà entendu parler du « facteur humain » ? Hubert Reeves explique que « c’est le “Putain de Facteur Humain” qui fait que l’on ne passe pas de ce qu’on sait à ce que cela implique».
Regardons d’un peu plus près ce facteur humain…
Antonio Damasio, professeur en neurologie et neurosciences, nous rappelle que, dès les temps anciens, les philosophes grecs avaient remarqué que l’homme dispose d’une pensée analytique et d’une pensée émotionnelle. Ces penseurs ont valorisé la pensée rationnelle avec sa logique approfondie, la considérant plus riche. Ce mode de fonctionnement est lent, analytique, rationnel et nécessite du temps pour développer le raisonnement dans toute son amplitude.
Seulement, saviez-vous que notre cerveau traite en moyenne 35 000 décisions par jour et que 99% d’entre elles échappent à notre raison ? Dans un monde hyper sollicitant, notre cerveau optimise en permanence notre énergie, passant le plus clair de son temps en mode émotionnel intuitif. C’est-à-dire avec des décisions prises de manière totalement inconsciente. Imaginez devoir traiter consciemment toutes les informations nécessaires à la conduite en ville… ce serait ingérable.
Quel lien avec les enjeux écologiques et la mobilisation de votre entourage ?
Comprendre le dérèglement climatique et plus largement l’ampleur systémique des phénomènes de dégradation du vivant est d’une extrême complexité. Cela nécessite d’y consacrer du temps et demande à notre cerveau de quitter son mode de pilotage automatique intuitif.
C’est en mobilisant l’ensemble de notre cerveau que l’on peut agir efficacement: re-créer des espaces-temps pour réfléchir, se questionner seul ou à plusieurs, comprendre et s’approprier les questions de fond, ouvrir la place aux émotions qui conduisent aux prises de conscience, mobiliser nos facultés intuitives qui nous permettent de nous engager dans l’action.
Un cerveau addict au plaisir
Nous savons qu’un des enjeux majeurs du siècle est de réduire notre pression sur la Terre, souvent considérée comme une simple ressource. Sébastien Bohler, dans son ouvrage « Le bug Humain », met en lumière le striatum, zone de notre cerveau qui active la production de dopamine, hormone de plaisir. Nous sommes dans les mécanismes de récompense et d’addiction. Il y a quelque chose qui nous pousse à jouir de l’immédiat et notre société s’est construite pour satisfaire cet instinct avec la recherche de récompense : « une nouvelle voiture», « plus de likes sur mes réseaux »… Et très vite, nous ne ressentons plus ce plaisir, ce qui nous pousse à nous renouveler pour recevoir notre dose de dopamine.
Sommes-nous dans une impasse qui nous conduirait inévitablement à en vouloir toujours plus ?
Retrouver du sens pour passer à l’action
Heureusement d’autres parties de notre cerveau sont stimulées positivement lorsque l’on trouve du sens et il est possible de mettre notre striatum au régime pour renouer avec un vrai plaisir en diminuant son niveau de stimulation.
Regardez votre organisation à l’aune de cette perspective: quelles sur-stimulations de recherche de récompense pouvez-vous réduire ? Que signifierait d’aider vos collaborateurs à mettre leur striatum au repos ?
Comment embarquer votre organisation et son écosystème en vous reconnectant à la nature pour vous affranchir des sur-sollicitations, en prenant le temps de revenir au sens profond de vos activités, à celui des changements à opérer et en partageant une vision à tous les étages?
L’humain est piloté à partir de ce qu’il capte
La perception de notre monde est constamment filtrée et déformée par nos biais cognitifs. Face aux enjeux climatiques et de biodiversité ces « lunettes à verres déformants » nous éloignent du passage à l’action. Nous avons tendance à rationaliser pour éviter les émotions trop fortes, ou bien à nous reposer sur des croyances telles que “de toutes façons, la technologie finira par nous sauver”. Mettre de la lucidité sur ces facteurs comportementaux, comprendre la puissance potentielle des émotions permet d’élargir notre cadre de référence et sont autant de leviers pour nous aider et aider notre entourage à se mettre en mouvement.
Une fois convaincus de la nécessité d’agir, il vous est peut-être arrivé de partager articles, livres, vidéos, conférences qui expliquent ce qui se passe, espérant provoquer le déclic chez l’autre. Hélas, cela s’avère souvent peu efficace. Notre cerveau étant le plus clair de son temps branché sur son mode émotionnel intuitif, l’abreuver d’informations négatives le submerge et risque de faire sauter un fusible. Le cerveau se protège en se déconnectant et notre action initiale devient inefficace.
Il existe un levier qui agit positivement sur le facteur humain : le warm glow
Directement lié au phénomène de récompense, notre cerveau active un sentiment positif lorsque nous réalisons une bonne action, effet immédiat : nous nous sentons bien. Il est possible d’activer des warm glow auprès de populations, et les publicitaires et influenceurs ont là un formidable rôle à jouer !
L’idée est de susciter ce sentiment positif en incitant vos interlocuteurs à passer à l’action tout en en valorisant leurs résultats.
Dans votre entreprise, quels leviers Warm Glow pouvez-vous créer pour stimuler positivement vos équipes vers les changements structurels que vous souhaitez mener ? Écrire l’histoire d’un futur désirable avec vos collaborateurs aura également l’effet d’une dynamique qui mobilise positivement votre entreprise.
Chez Seedlings, nous sommes convaincus de l’importance d’ouvrir des espaces où nos deux cerveaux, émotionnel et rationnel, peuvent s’accorder. Ensemble nous re-créons des espaces-temps pour générer des prises de conscience seuls et à plusieurs et favoriser résonance, synergie et émergence.